1. UN CONFINEMENT - CONFINEMENT 1

Je n'ai jamais pensé que j'étais seule à penser ce que je pense

C’est étrange, cette sensation toujours que tout va s’arranger, comme par magie.

J'essaie de m’en défaire.

Le vendredi 13 mars, alors que la décision vient d’être prise de fermer les écoles, je me souviens d’avoir voulu rassurer une amie commerçante de ma rue en lui disant : « il y en a pour deux semaines sans doute… »

Pourtant j’étais au Maroc la semaine précédente ; au fond je savais déjà à ce moment-là que c’était une pandémie.

Mais les restrictions, l’interdiction de regrouper plus de 10 personnes dans un espace clos, la fermeture des écoles, des collèges, des lycées, des universités, rien n’altérait mon dynamisme…

Je m’apprêtais à organiser des ateliers pour accueillir les enfants sans école et pour aider les parents...

La fermeture des commerces s'impose, mais je l’évalue encore pour une petite durée…

Je mets du temps avant de me souvenir des narrations de la grippe espagnole par mes grands-parents.

C’est loin, je ne laisse pas l’information aller jusqu’à moi. Ma vigilance ne

s’allume pas.

Il a fallu le mot CONFINEMENT, il a fallu les mots ATTESTATION DÉROGATOIRE pour que je réalise ce qui se passait.

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J’étais épuisée. Depuis une dizaine d’années, je m’adaptais en permanence, je me frottais à la réalité. Depuis plus d’un an, ma vie était tout entière sur des charbons ardents.

Plus j’étais fatiguée, moins je pouvais entendre et c'est ainsi que le confinement est arrivé comme la pause indispensable, l'arrêt essentiel.

Je ne crois pas être la seule à avoir vécu quelque chose comme ça.